Le 8 décembre prochain sera officialisée l’alliance entre le S2ICF et le SVDI. La complémentarité entre les deux organisations professionnelles, la mutation numérique et la convergence des métiers du bâtiment connecté ont motivé ce rapprochement.
Né en 2001, le SVDI, pour Sécurité, Voix, Données et Images, a été créé au sein de la Chambre syndicale des électriciens de Paris (CS3E) pour assurer la promotion auprès des électriciens des métiers du courant faible et de la sécurité/sûreté, notamment la détection incendie. L’idée était également de disposer d’une organisation qui assure la formation et la promotion qui portent les électriciens vers ces métiers. Avec les années, les lignes ont bougé. Aujourd’hui, SVDI n’est plus à la CS3E, il s’est rapproché de la FFIE (Fédération française des entreprises du génie électrique et énergétique) qui met tous ses moyens à sa disposition et lui assure une dimension nationale. Si le sigle SDVI a été conservé, en revanche, exit la référence au courant faible devenue réductrice. Désormais, le syndicat se présente comme celui des intégrateurs des technologies de sûreté/sécurité et a largement dépassé le domaine des électriciens. Il regroupe un ensemble de métiers, « la vidéoprotection car c’est le domaine Numéro Un dans le bâtiment aujourd’hui, le contrôle d’accès, la détection intrusion, la détection incendie et l’ensemble des activités qui tournent autour de ces métiers », précise Philippe Blin, président du SVDI et par ailleurs président de Elsia Systèmes et solutions.
De son côté, le S2ICF (Syndicat des Installateurs Intégrateurs courant faible) qui a fêté ses 50 ans fin 2016 a également dû effectuer une mue profonde en 2012 pour répondre à la mutation numérique qui a pour conséquence la convergence de nombreux métiers du courant faible. Regroupant essentiellement les antennistes à son origine, il intègre désormais des métiers de l’ingénierie, de l’informatique, des télécoms, de l’installation, de l’intégration et a élargi son champ de compétences à l’ensemble des métiers du courant faible. Arnaud Brouquier, son président, également PDG de Delta Sertec, définit le syndicat comme celui de la convergence et le qualifie de « groupement des experts des bâtiments intelligents ».
Convergence, complémentarité et terrain
![]()
Philippe Blin, président du SVDI à gauche et Arnaud Brouquier, président du S2ICF lors du salon APS 2017. Photo : PG
A bien y regarder, la mutation numérique et son corollaire la convergence des métiers, qui ont obligé les deux organisations à évoluer, sont également pour une bonne part à l’origine de leur actuel rapprochement. D’ailleurs, Arnaud Brouquier ne s’en cache pas : « En fait, le constat, c’est la convergence technologique, la convergence vers les métiers des bâtiments connectés, sécurisés, pilotés. Aujourd’hui, on ne peut pas faire les uns sans les autres. Tout communique, nous sommes vraiment sur un profil d’intégrateurs techniques. De fait, il nous paraissait judicieux plutôt que de mettre en place des groupes de travail fonctionnant en parallèle, d’unir nos forces et de conclure une alliance pour faire en sorte que notre profession soit mieux représentée, plus efficace mais aussi, pour ouvrir des champs de développement à nos adhérents respectifs, qui sont des entreprises, des installateurs/intégrateurs ». « On s’est aperçu d’une certaine complémentarité entre nos deux organisations professionnelles » ajoute de son côté Philippe Blin. « A nous deux, nous couvrons l’ensemble du système nerveux du bâtiment, à la fois le cerveau, c’est-à-dire tout ce qui concerne l’informatique et les organes de commande et, derrière, tout ce qui constitue le réseau de surveillance et de contrôle aussi bien passif qu’actif ».
« Les entreprises que nous regroupons sont actives dans tous les domaines des technologies électriques et électroniques du bâtiment à la fois sur le tertiaire (dont l’hospitality, l’éducation…) et le résidentiel et, dans une moindre mesure, l’industrie », précise Arnaud Brouquier. Mais le président du S2ICF ajoute un autre argument à ce rapprochement : « aujourd’hui, il faut davantage parler de coopération que de compétition. Nos deux syndicats sont très proches car nous sommes des organisations professionnelles nationales de gens du terrain. Au quotidien, nos équipes sont confrontées aux contraintes techniques et commerciales concrètes. C’est nous qui sentons vraiment le marché, à la fois sur les problématiques et les besoins de nos clients finaux. C’est le besoin et l’usage des clients qui doit guider l’innovation et non l’inverse. »
Une plus grande représentativité
L’union faisant la force, Philippe Blin avance également l’argument de la représentativité, fondamentale à ses yeux. « Nos entreprises ont également besoin de visibilité vis-à-vis des pouvoirs publics. Je me bats sur ce terrain depuis plusieurs années. Il faut que nous soyons identifiés, pour cela il faut que nous soyons forts. Nous n’avons pas que des amis autour de nous. Le secteur de la sécurité privée notamment [télésurveillance et gardiennage] où sont présentes de grosses structures, est très intéressé par nos domaines d’activités et a tendance à tirer la couverture à lui… Il ne faut pas oublier non plus que nos métiers sont très techniques, nos collaborateurs ont besoin de formation, chez SDVI nous avons des référentiels de formations que l’on tient régulièrement à jour. Nous sommes en pénurie de main d’œuvre dans nos métiers, il faut le savoir. Nous cherchons des techniciens en permanence et nous n’en trouvons pas. En Île-de-France, notamment, où est implantée mon entreprise, c’est un vrai problème ! Nous avons aussi besoin que les donneurs d’ordres et les pouvoirs publics nous identifient comme l’organisation professionnelle de référence dans nos métiers. »
Déjà des actions communes
![]()
Jean-Marie Lesueur, secrétaire général du S2ICF, sur le stand commun SVDI / S2ICF lors du salon IBS 2017. Photo : BR
SVDI et S2ICF n’ont pas attendu l’officialisation de leur alliance pour se mettre conjointement à l’ouvrage, ils ont notamment monté un CQPI* (présenté lors du salon APS). Ce sont les premiers syndicats à avoir monté un certificat de qualification professionnelle inter-branches bâtiment/métallurgie. « Cela ne s’est jamais fait, essentiellement en raison de la rivalité plus ou moins sous-jacente entre organisations. » constate Philippe Blin. « Pour ce qui nous concerne, nous avons tout mis à plat et de manière transversale, nous avons monté ce CQPI, parce que nous nous prenons en charge. Pour y arriver, nous devons être forts, notre rapprochement a donc du sens. » Les deux syndicats ont par ailleurs participé à un groupe de travail avec QUALIFELEC, pour définir les nouveaux référentiels courant faible en y intégrant les notions de supervision, d’hypervision, d’objets connectés et d’IoT. « L’idée est de nous interconnecter avec tout notre écosystème, ajoute Arnaud Brouquier. Nous communiquons également avec des organismes comme la SBA et bien sûr la FFIE. La nouvelle alliance continuera à défendre ses métiers et ses professions en France et, en même temps, portera la parole française au niveau européen. Par exemple, SVDI qui représente les métiers de l’alarme est bien décidé à faire entendre sa voix pour ne pas se laisser imposer n’importe quoi au niveau des normes européennes. « Nous restons plus que jamais vigilants », prévient Philippe Blin. Les deux syndicats vont également réunir leurs partenaires industriels organisés autour de trois grandes familles : réseaux de communication, sûreté / sécurité électronique et domotique / énergie.
Rédaction : Patrice de Goy
* Le CQPI (certificat de qualification professionnelle inter-branches) est une certification professionnelle qui valide des capacités ou compétences professionnelles mises en œuvre dans l’entreprise et qui sont communes à deux ou plusieurs branches professionnelles.